PRINCIPE DE VIE
A n’en pas douter, la crise actuelle nous fait comprendre et accepter qu’il ne s’agit pas d’une crise passagère, mais un élément dans une crise plus globale qui est celle des conditions d’habitabilité de la planète pour les êtres humains et tous les êtres (insectes, animaux, bactéries et virus, plantes, ….). Les feux de forêts, les sécheresses, inondations, épidémies, ne sont que quelques têtes des « icebergs » qui grossissent chaque jour.Du coup la résilience (pas celle de Macron) s’impose et de mon point de vue, toutes les actions, dans tous les secteurs , doivent être vues sous le prisme de « en quoi l’action envisagée participe ou non à la résilience, est-ce qu’elles aggravent les conditions d’habitabilité ou pas de la planète Terre ».
Notre difficulté est de comment faire accepter cela aux humains pour qu’ils agissent et transforment leur société.
Parler de catastrophe n’est pas pertinent, car celle-ci n’est acceptée que lorsqu’elle arrive. En attendant, on espère s’en sortir avec l’aide de l’état, de la science, … La négation est une manière de continuer à vivre tranquillement sans se remettre en cause.
Et lorsque la catastrophe est là, c’est un peu tard, il faudra passer par beaucoup de souffrance avant de mettre en œuvre des solutions alternatives, si c’est encore possible.
Les mots que nous utilisons sont souvent connotés négativement, par exemple décroissance qui suscite la méfiance quand ce n’est pas traduit par « retour à la bougie » ; sobriété heureuse, même s’il y a l’adjectif heureuse, il n’en reste pas moins que sobriété est connotée comme privation, sacrifice.
La refondation d’imaginaires qui rendent désirable, viable et réalisable la sobriété heureuse est nécessaire. Mais nous avons du mal à raconter ces nouveaux imaginaires qui marquent la culture de chacun. Damasio parle très bien de l’importance de l’imaginaire.
Un imaginaire qui ferait vivre nos revendications, nos envies de vivre autrement que celle du commerce, de l’argent et de la consommation.
Bon mais voilà, je ne sais pas écrire ce genre d’histoire, je laisse cela à d’autres.
Ceci dit, en attendant que nos imaginaires prennent formes, on peut réfléchir à des solutions alternatives.
Cristi a proposé le Revenu de Transition Ecologique qui est très intéressant, même si cela ne règle pas tout, on pourra en discuter.
Je voudrais aborder un autre angle de réflexion qui rejoint beaucoup la sobriété heureuse.
Nous consommons plus de deux planètes par an et chaque année nous en détruisons une bonne partie.
Beaucoup d’entre nous en sont conscients, essayent de faire mieux, mais en même temps, nous sommes dans ce système qui nous happe en permanence.
Partons de l’accord pour dire que nos actions, nos envies, notre consommation que ce soit de manière individuelle ou collective, doivent être vues sous le prisme de en quoi elles participent ou non à la résilience, est-ce qu’elles aggravent les conditions d’habitabilité ou pas de la planète Terre ? Cette condition d’habitabilité doit aussi respecter une condition tout aussi importante qui est la justice sociale. Appelons cela un principe de vie ! (on pourra trouver un autre terme)
Nous pourrions avoir cet exercice sur plein de sujets qui nous concernent individuellement ou collectivement.
Prenons quelques exemples.
Je veux acheter un vêtement, je vais me poser comme question, en quoi le vêtement que je veux acheter respecte le principe de vie. En ai-je vraiment besoin ou est-ce un effet de mode auquel je me soumets, Est-il en matière végétale ou fossile, la culture de la matière respecte-t-elle une agro-écologie, a-t-il été fait avec une main d’œuvre correctement rémunérée et dans de bonnes conditions, sa durée de vie est-elle acceptable (6 mois ou 10 ans), est-il fait « localement » ou très loin, je l’achète par internet chez Amazon ou au commerçant près de chez moi, et on peut ajouter d’autres questions.
Mais où trouver cela ? Cela existe, très peu pour l’instant. Mais je peux chercher d’autres personnes qui vont faire la même chose, on s’organise, on fait pressions sur les commerçants, on revendique, on fait des manifs rigolotes, on imagine, …
Avons-nous pris en compte la justice sociale ? Pas sur, ce vêtement qui dure 10 ans va coûter beaucoup plus que celui qui dure 6 mois, mais je n’ai pas le budget, car je suis au SMIC, pas de travail, … L’investissement pour 10 ans sera moins élevé que 20 vêtements pas chers, encore faut-il avoir la mise de départ. On peut réfléchir et trouver des solutions, quelques idées : passer un contrat avec une association qui va fournir cette mise de départ, vérifier collectivement que cela marche, faire de nouveaux vêtements avec tous ceux qui ne sont pas utilisés, valoriser nos vêtements durables, défilés, …
On veut une piscine !
Même chose en quoi une piscine va respecter le principe de vie ? En ai-je vraiment besoin ou est-ce un effet de mode auquel je me soumets ? quelle sera la consommation d’eau, avec quoi je vais chauffer l’eau ? Qui va prendre en charge l’entretien ? Tout le monde aura-t-il réellement accès à la piscine (justice sociale)? Y a-t-il une alternative à la piscine pour avoir ou maintenir une meilleure qualité de vie ? Une piscine collective ou une piscine par famille ?
Vive la 5G ?
Nous sommes baignés dans le numéric depuis une dizaine d’années.
La 5G va arrivé ou est déjà là. Je suis sollicité en permanence, on m’y oblige presque, sinon je passe pour un pecnot !
Mais est-ce réellement un besoin ? Que consomment les appareils, quelle est leur durée, quel effet des ondes, comment sont extraites les terres rares, celles-ci sont-elles en quantité illimitée, quels rapports sociaux cela entraîne-t-il, qui les fabrique, dans quelles conditions, quid de nos libertés. Y a-t-il des alternatives, lesquelles ?
J’irais bien à Nantes voir le concert de mes idoles.
C’est la combien de fois que je me déplace à Nantes pour des loisirs ? Combien de Km ai-je fait, donc d’énergies fossiles consommées ? Quel moyen de transport est-il compatible avec le principe de vie ? Est-ce que je peux trouver d’autres moyens de me divertir, d’écouter de la musique, de regarder un film, … Tout le monde est-il égaux, coût des transports, des spectacles ? La gratuité peut-elle être une solution (voir le RTE de Cristi) ?
On peut aussi vérifier notre banque, notre fournisseur d’électricité, notre assurance,
On devrait sur le même mode se poser la question pour tous les nouveaux projets des collectivités locales, et vérifier si elles respectent ou non le principe de vie.
On peut aussi interroger la fonction du tourisme de la même façon.
Et plein d’autres sujets.
Voilà à discuter.
Georges BIRAULT le 3 mai 2020
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